Savoir dire NON et poser ses limites !

« Faut pas pousser mémé dans les orties » ; « Franchir la ligne rouge ou jaune » ; « Pousser le bouchon un peu trop loin » sans oublier « t’as dépassé les bornes des limites» (dixit Maurice le poisson rouge... mais si souvenez-vous ! ) ; « c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase »; « faut pas charrier » ; « t’abuses »; « la moutarde me monte au nez »; "je vais le tuer !"…
Autant d’expressions pour illustrer la dead line qui a été dépassée, et que s’en est trop ! ça suffit !
J’ai vécu ça il y a peu… et vous savez quoi ? J’ai réussi à entendre le « Stop » que me criait mon corps ! C’était dur à l’intérieur, comme une terre sans eau, aride… ça craquelait… et puis je me voyais agacée de tout, et de moins en moins d’envie…de vie ! (Etant d'une nature à encaisser un maximum et en silence en plus de ça, mon corps est un allié de poids pour me prévenir quand ça ne va pas ! j'apprends à identifier les messages qu'il m'envoie...)
Du coup je me suis écoutée… et je me suis dit : « là ma chérie ça coince quelque part… que se passe-t-il ? Qu’est-ce qui ne va pas ? Tu es en train de subir un truc qui ne te convient pas ! Mets ça au clair au plus vite, n’attends pas que ça déborde, agis avant ! Fais autrement cette fois-ci ! »

Car, poser mes limites, savoir dire non, quelle galère ! Un véritable défi pour moi ! Je suis de celle qui préfère se taire, pour ne pas faire de vague, passer inaperçue, ne pas déplaire et surtout éviter le conflit… résultat des courses : je ne me respecte pas, je m’oublie et me considère inférieure à l’autre, sa parole vaut mieux que la mienne… et à vouloir éviter le conflit je le vis à l’intérieur : colère, culpabilité, déception, tristesse…
Charles Roizman, thérapeute social, définit bien la notion du conflit :
"Le conflit nous fait peur. Nous le confondons avec de la violence alors qu’il s’agit de pouvoir assumer le désaccord de manière constructive, sans nous renier, ni tenter d’assujettir l’autre à notre propre pensée. Sans voir en lui un idiot ou un monstre."
Bref, ce scénario, je le connais par cœur, c’est l’histoire de ma vie ! D’où l’importance, maintenant que je suis de plus en plus consciente de mes mécanismes de défenses, d’oser faire et être autrement ! Et oui une fois sortie de sa casserole, la grenouille grandit de ses expériences !
Et voici ce que de sages grenouilles m’ont appris : pour poser ses limites, cela nécessite de connaître ses besoins, ce que l’on veut à la place…
A quoi je dis « oui » quand je dis « non » ???
Dans le magazine Flow (N°4), j’y ai trouvé une belle manière de nous aider à faire le point sur tout ça.
La première chose à faire c'est de prononcer un mot magique: STOP !
A partir de là, notre première limite est posée ! C’est aussi simple que ça!
Une fois que le mot est lâché, on procède par étape :
S comme Stop : je fais une pause et je prends du recul
Face à une situation qui ne nous convient pas ou qui nous fait souffrir, la première chose à faire c’est s’arrêter, se poser, cesser de s’agiter dans tous les sens : brasser de l’air ne nous fait pas avancer plus vite, au contraire on s’épuise pour rien, notre énergie vitale s’éparpille, et on y voit encore moins clair quand on est fatigué.
T comme Take a breath : je respire un grand coup
Une fois posé on respire un grand coup pour faire circuler l’air, effet immédiat on se reconnecte alors à notre corps et au moment présent. 2/3min en respirant calmement, en décontractant les muscles du visage et du corps entier. Là, on a déjà pris de la hauteur sur la situation, on s’est désidentifié de celle-ci, on passe à l’étape suivante…
O comme Observe : je prends conscience de mes sentiments
Cette étape-là c’est la plus délicate, mais elle est essentielle. Quelques questions peuvent aider à clarifier nos sentiments :
1/ Qu’est-ce-que me dit mon corps ? Mal au ventre, au dos, à la tête ? Je me sens fatiguée ? J’ai la gorge nouée… ?
2/ Qu’est-ce-que je ressens comme émotions ? De la colère ? De la tristesse ? De la peur ? De l’ennui ? Débordé, envahie ? De la culpabilité ? De la honte ?
3/ Qu’est-ce-que je me dis ? « Je ne me sens pas respecté » ? « Je n’y arriverais pas » ? « J’ai envie de tout plaquer, chacun sa m… après tout j’en ai rien à f… ! » ? "la vie est trop injuste !" ou bien encore « Je suis le maaaaaal aiméééééééééééé… »
Pour alimenter cette auto-flagellation dans la joie et la bonne humeur, ça se passe ici !
A cette étape-là, le but c'est d'être l'observateur de soi-même : on constate, on fait l’inventaire. Sans jugement, avec lucidité. L'auto-dérision peut être d'un grand secours ! Il s'agit d'accepter l'inconfort de ce que l'on ressent.
Dans son livre « Eloge de la lucidité » Ilios Kotsou évoque les conséquences de l’évitement, de la résistance à ce qui est :
"Quand nous entrons en lutte, nous consacrons toute notre attention et notre énergie à ce à quoi nous résistons. Nos émotions difficiles deviennent alors le centre de notre existence. Plus nous combattons, plus elles s’intensifient. Nous nous découvrons stressés par notre état de stress, anxieux de notre anxiété, nous devenons insécurisés par notre peur, nous énervons contre nos colères…Ce qui crée un cercle vicieux : nous éprouvons toujours plus d’émotions désagréables, et nous cherchons donc plus encore l’évitement."
Moi parfois je m’y perds un peu dans tout le mêli-mêlo de mes émotions…voici quelques pistes éclairantes :
La peur : il y a danger physique ou moral. Je réfléchis sur la situation et les risques. Et quand il y a doute, il y a doute, pas de risques inutiles.
La tristesse : Cette émotion nous demande de faire un bilan de satisfactionLa colère : vient nous signaler qu’une valeur importante a été violée. On se sent blessé. C’est le moment de faire un point sur ses valeurs fondamentales.
Débordé, envahi : faire respecter ses limites, réorganiser, définir l’important de l’accessoire.
L’ennui : un objectif à court a été atteint, il est temps d’en envisager un autre, même petit.
La culpabilité : ce sentiment est lié a un contrat passé avec soi-même et qui a été non respecté. Violation de ses propres critères. Passer un nouveau contrat avec soi-même et se promettre de s’y tenir.
La honte : cette émotion est liée au regard des autres sur soi. On vit un sentiment d’infériorité. Il est important de se l’avouer et de se pardonner.
Enfin, passons à la dernière étape.
P comme Proceed : j’agis et je décide du prochain mouvement
Après ce gros check up émotionnel nous sommes plus lucide face à ce que nous vivons et les décisions que nous prenons, alors, sont prises, non pas de manière impulsive, mais de manière consciente. C’est le moment de poser l’action qui appuiera nos nouvelles limites. En disant « non » à ce qui ne nous convient plus, nous disons « oui » à la vie que nous nous choisissons !
Exprimer ses propres limites
Une fois qu’on y voit plus clair, que l’on est un peu plus conscient de ce que l’on veut, il reste une dernière étape : le dire !
Au jour d’aujourd’hui, je gère de mieux en mieux la partie que je viens de développer juste avant, parce que ça se passe entre moi et moi, par contre dès qu’il s’agit de l’exprimer à l’autre, là je fais moins la maline ! Et vous vous doutez bien qu’au cours de ma dernière expérience, je n'ai pas pu y échapper ! Sinon c’est pô drôle !
Alors là clairement nous avons le choix entre deux attitudes : la victime ou l'adulte.

La victime accuse et rend l’autre responsable de tous ces maux. Parce qu’elle a peur de sa réaction, se sent mal à l’aise, prise au piège, embringuée dans les limites de l’autre qui ne sont donc pas les siennes…et elle laisse faire parce que après tout ce n’est pas si grave que ça !
Et de pas grave en pas grave ça s’accumule, la poussière s’entasse sous le tapis et un jour ça explose ! S’en est trop ! « Tu ne me respectes pas », « Tu ne m’écoutes jamais », « Je ne suis pas ton larbin », « Tu es un égoïste » et que je te tue à coup de « Tu » turlututu chapeau pointu !
Mais, que nenni ! Ceci n’est plus l’apanage de grenouilles conscientes de leurs émotions ! Nos limites, ce n’est pas à l’autre de les poser, lui il a les siennes, et rien ne nous dit qu’il en a conscience en plus de ça… ! je vous laisse imaginer l’imbroglio, si chacune des deux parties attend que l’autre pose les limites de l’autre…rien qu’en l’écrivant j’en ai mal à la tête !
Non, non, non ! Il est hors de question de retomber dans les vieux schémas de peur ! Maintenant, on sait se dire Stop !

Il ne nous reste donc plus qu'à agir en adulte (P***** de prise de conscience !) : Exprimer nos besoins, poser nos nouvelles limites que nous assumons et communiquons clairement, avec calme et assertivité...
Bon alors là c’est réservé aux grenouilles qui ont roulé leur bosse, faut bien l'avouer, on n'est pas bouddha !
Parce qu’en vrai, au début, on fait comme on peut, de notre mieux… Moi j’étais comme une petite souris… d’autres ressembleront à un matou hargneux ou peureux… mais on s’en fout ! L’important c’est d’oser ! Et avec l'expérience on s'améliorera dans notre communication...
Du coup, vous l'avez deviné ! j'ai osé ! En petite souris, certes, mais je suis allée au front ! Sacré bond en avant, moi je vous le dis ! Et vous savez quoi ? Et bien je suis toujours là et trop fière de moi ! Parce que depuis, tout est redevenu fluide et paisible ! Tout ce que je craignais ne s’est pas produit ! J’ai fait tomber un rempart de peurs et de croyances et j’y ai gagné une énorme bouffée d’estime de moi … Mes besoins exprimés, je suis au clair avec moi-même et en face c’est clair aussi ! Comme de par hasard !
Alors mes chères grenouilles, je ne peux que vous encourager à laisser s’exprimer le batracien qui sommeille en vous ! Coassez vos limites et respectez-vous jusqu’au bout des pattes !
Sophie Marot – Accompagnement dans la traversée de votre changement –
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